Novi-Beograd (Yougoslavie)

Projet Urbain - Concours international 1986




Texte en français
English translation

Maîtrise d’Ouvrage  :

Ville de Beograd

Equipe de maîtrise d’œuvre :

Serge Renaudie, mandataire
Pierre Guilbaud, architecte
Henri Lefebvre, philosophe

L’urbanisation est un phénomène mondial dans cette seconde moitié du XXème siècle auquel la Yougoslavie n’a pas échappé.

Cette extension des villes a provoqué des bouleversements dans les civilisations dont nous mesurons encore mal toute l’importance.

Les pays socialistes, même avec toutes leurs différences, n’ont pas su éviter cette situation ni créer "la Ville Socialiste".

Dans le monde capitaliste, le développement des villes est effréné, mal ou pas maitrisé, dévastateur et irréversible.

S’il est exact que la ville ait été un lieu de civilisation, son éclatement peut anéantir ce rôle. Ou bien l’urbain sera un espace de dissociation de la société et du social (en un chaos, en une masse agitée de mouvements divers), ou bien il sera un lieu de réappropriation (de la vie quotidienne, du social). S’il n’y a pas de déterminisme absolu, mais toujours (dans la vie biologique et les temps humains), des possibilités souvent opposées, un "choix" plus ou moins conscient s’accomplit. L’urbain, aujourd’hui et demain ? Une gerbe de possibilités, le meilleur ou le pire.
Peut-être le meilleur ici et le pire ailleurs !

Le "droit à la Ville" ? Cela voudrait dire et veut encore dire : ne pas laisser perdre l’héritage historique, ne pas laisser l’espace s’émietter, retrouver le "centre" comme lieu de création, de civilisation.

Le droit à la ville vient en complément non tant des droits de l’homme (comme le droit à l’éducation, à la santé, et à la sécurité, etc. ...) que de ceux du citoyen : celui-ci n’est pas seulement membre d’une "communauté politique ", dont la conception reste indécise et conflictuelle, mais d’un groupement plus précis posant de multiples interrogations : la ville moderne - l’urbain.
Ce droit conduit vers l a participation active du citoyen-citadin au contrôle du territoire, à sa gestion, dont les modalités restent à préciser. Il conduit aussi vers la participation du citoyen - citadin à la vie sociale liée à l’urbain ; il propose d’interdire la dislocation de cette culture urbaine, d’empêcher la dispersion non pas en entassant les "habitants" et "usagers" les uns sur les autres, mais en inventant dans tous les domaines et aux niveaux de l’architectural, de l’urbanistique, du territorial.

Ce droit suppose une transformation de la société, selon un projet cohérent, répondant aux interrogations et résolvant théoriquement (au sens fort, impliquant le moment de la pratique) les problèmes et, d’autre part, des créations dans les domaines où l’art et le connaître, le quotidien et le global, interfèrent : l’architecture par exemple. Mais plus largement, le temps et l’espace.

Dans nos recherches, nos voyages et nos études, nous avons acquis une connaissance critique des villes des pays capitalistes et socialistes. Nous avons vu partout des villes folles.

Nos villes éclatées, nos mégalopolis - l’urbain moderne -, sont à déconstruire et à reconstruire. Il faudra toute une période "historique" pour défaire et refaire.

Grâce à l’autogestion, un lieu s’esquisse entre le citoyen et le citadin, et la Yougoslavie est peut-être aujourd’hui un des rares pays à pouvoir poser concrètement la problématique d’un Nouvel
Urbain.

Ce concours pour la restructuration de Novi Beograd pourrait faire partie des prémisses de cette renaissance de la Cité.