Sedan

Projet de ville





Maîtrise d’Ouvrage :

Direction départementale de l’équipement des Ardennes

Missions :

Projet de Ville : 2003

Equipe de maîtrise d’œuvre :

Serge Renaudie, mandataire
Laurent Charpin et Raphaële Perron, architectes

Un Projet de Ville c’est un processus, c’est une démarche. Ce n’est pas un projet ficelé, terminé et définitivement dessiné qu’il suffirait de mettre en œuvre.

Un Projet de Ville est un processus dans le sens où il établit un échange, un échange qui permet une prise de connaissance de la ville, démarche cognitive qui permet à son tour d’élaborer une stratégie d’intervention à tous les niveaux et dans tous les domaines qui la composent.

Qu’un Projet de Ville soit un échange de connaissances signifie qu’entre les acteurs de la ville, c’est-à-dire ceux qui y vivent, y travaillent, y décident, et les équipes de conception, s’établit une démarche qui s’articule autour de phases alternées pendant lesquelles les concepteurs sont amenés à poser des questions, c’est à-
dire à les énoncer mais également à les poser, à les organiser. Cette organisation, c’est-à-dire cette manière de poser, de construire des questions, est importante parce qu’elle permet d’établir un cadre dans
lequel les acteurs de la ville doivent apporter des réponses. Ce ne sont plus des ordres ou des hypothèses qu’ils émettent mais un travail de réponses à des questions. La manière avec laquelle ces réponses sont réorganisées constituera un nouveau cadre de compréhension de la ville, une nouvelle manière de regarder
la ville. Cette organisation des questions sur la ville vous permet en cherchant les réponses, de voir cette ville, que vous connaissez tant, sous un autre jour, sous d’autres angles.

La ville apparaît aujourd’hui, le plus souvent, comme un chaos dans lequel les interventions se superposent et se suivent sans jamais réussir à résoudre totalement des problèmes qui les avaient justifiées. Face à ce chaos, le premier rôle d’une analyse et d’un projet, urbains, consiste à mettre en place une méthode de travail qui organise la pensée et la réflexion sur la ville. La démarche méthodologique consistera donc à analyser l’urbain en fonction de cadres, de domaines permettant de sérier les questions que l’on se pose à
partir de modalités différentes de fonctionnement et d’occupation du territoire de la ville.

Dès la première visite de la ville, de nombreuses interrogations surgissent nécessitant un questionnement profond sur la pertinence de tel ou tel type d’occupation sur telle ou telle partie du territoire. Devant les nombreuses interrogations que suscite le contexte urbain, la nécessité de constituer un cadre de réflexion s’impose.
Il doit permettre, à la fois aux ignorants que nous sommes en arrivant sur le site, de sérier nos interrogations, mais aussi aux acteurs locaux d’apporter des réponses mesurées. Cette base de réflexion et d’analyse constituera également le socle qui permettra d’élaborer une stratégie cohérente suivant les différents secteurs du territoire et les différentes fonctions urbaines.

Ce cadre méthodologique s’adossera sur le fait simple que la ville (occidentale) articule 4 domaines :

- Les entités urbaines qui composent son territoire en quartiers, sous-quartiers, secteurs, zones, etc…
C’est la manière de s’ancrer sur le terrain, dans la géographie. C’est la manière de prendre place et forme.

- Les centralités ou polarités qui concentrent des effets d’attraction dépassant les entités urbaines qui les accueillent. C’est ce qui crée les rythmes dans la ville.

- Les flux ou liaisons qui irriguent à la fois dans la distance et dans la proximité. C’est l’irrigation de la ville.

- Les espaces non construits naturels. C’est un domaine très particulier parce qu’il possède les caractéristiques des 3 précédents. Il s’agit des espaces non bâtis qui possèdent une importance et une continuité assez grande pour constituer un territoire en soi, occupé par une (ou plusieurs) composante(s) " naturelle(s) " : prairie, parc, suite de jardins, fleuve, bassins, canaux, etc… et qui en même temps constitue un lieu d’attraction, de regroupement et de centralité pour des activités particulières liées aux loisirs et à la détente tout s’affirmant comme une liaison entre les différents quartiers de la ville que ce 4ème domaine traverse. Il s’agit en fait de cette 4ème dimension de la ville à laquelle nos concitoyens sont de plus en plus attachés parce qu’elle apporte une garantie de plaisir dans une ville toujours plus contraignante par sa densité et par sa frénésie.

La démarche consiste donc à clarifier les composantes " formelles " de la ville et surtout à comprendre les relations qu’entretiennent ces domaines entre eux. Chaque élément urbain comporte toujours une partie "statique" qui définit son mode d’implantation dans le territoire et une partie "dynamique" qui spécifie son mode de fonctionnement. Ce n’est qu’après avoir bien identifié quel fonctionnement correspond à quelle implantation qu’il est possible de vérifier, en un premier temps, l’adéquation de l’un à l’autre, et, en un second temps, de vérifier les modes d’interventions appropriées pour faire évoluer, réagir, ou conforter cet élément urbain en relation avec les autres composants de la ville.

Chaque ville de France, petite, moyenne ou grande, cherche le " bon coup ", c’est-à-dire l’institution, l’activité valorisante, l’institution reconnue, etc… qui donnera à la ville un surcroît de travail, de moyens, de dynamisme et de notoriété. Mais un "bon coup" est d’autant meilleur qu’il arrive dans un contexte préparé, prêt à le recevoir. L’arrivée du TGV serait certainement une bonne chose pour Sedan, mais que le TGV arrive ou pas, la liaison entre la gare et le centre-ville doit être améliorée et les quartiers environnants restructurés.
Le projet urbain permet d’amorcer les changements et de favoriser l’arrivée des "bons coups", mais surtout il donne un sens à la ville et favorise une appréhension critique du contexte qui permet de le faire
évoluer.

Il en est de même avec les "mauvais coups" : une entreprise qui ferme, un TGV qui n’arrive pas, un périmètre d’inconstructibilité trop grand, etc… C’est en aménageant la ville en fonction de paramètres permanents qu’elle devient plus attractive ou que les "mauvais coups" peuvent être digérés et dépassés.